Partir

 
 
  
Partir
 
Certains jours c'est trop lourd
Je ne peux plus me taire et je ne sais que dire
 
Partir
 
J'ai l'âme à fleur de peau
J'ai l'âme écorchée vive
Pour mieux frémir mes voiles à la brise ténue
Frissons
J'ai l'âme de fond océans infinis
Lame de fond les mers glauques m'entraînent et m'emportent
Tourbillons à perdre haleine
Parti
 
Chute vertigineuse sans fin sans fond sans rien
Estomac révolté  membres douloureux cheveux hérissés
L'œil exorbité me brulent les éclairs jaunes et verts qu'éblouissent de rouges explosions
Angoisses
J'ai frôlé d'insondables espaces des nuits bleues et profondes moirées et frémissantes
Angoisses
D'indicibles abîmes creusaient les inconnues
Stridentes suraigües sifflaient les notes interminables
De mélodies exaspérées aux rythmes obsédants  
Angoisses
 
Partir cependant
 
J'ai vu, vous dis-je, j'ai su, j'aurais voulu vous dire,
je chercherai les mots jusqu'à la fin des temps
Ravi
Ebloui et confiant éperdu de bonheur
Coulaient des laves d'or aux parfums de vanille
Un chemin dans les vignes sous un soleil radieux
Cannelle et curcuma réveillées de girofle
Les cigales vibraient l'air chaud sur la peau
Caresses sur les joues
S'abandonner et jouir les lèvres sucrées sa bouche tendre et chaude
Les roses et le jasmin aux saveurs entêtantes
Les courbes de son corps se creusaient en accueil
Chaleur et douceur et cette plénitude dans le front
Enivrante quiétude liqueur douce-amère
Partir
 
Partir
J'ai survolé les plaines et surplombé les mondes hérissés d'Himalaya infiniment petits
Où s'organisent et se dissipent incessamment d'invraisemblables fourmilières
L'humanité en gestation est un individu qui cherche à naître
Vous dis-je
Angoisses bonheur et craintes toujours renouvelées
 faux départs
La trame se tisse et se défait sans cesse
Se tisse et se refait
Ensemble naître et repartir
 
Partir
Comme la ruche au matin accouche de l'essaim vrombissant et ronflant
Unique et décidé comme un individu
Ainsi de l'humanité parturiente
Naîtra ce jour prochain

Nous-Quelqu'un